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Barou’s angels

barouettesTrois hiérarchiques de l’AFPA, la directrice régionale Région Centre, la directrice des Services & Moyens Généraux de cette même région et la Directrice des Ressources Humaines de la région Pays de la Loire [1] ont envoyé un mail à… 3 877 femmes salariées de l’AFPA !

 Leur objectif : demander aux salariées leurs idées sur « comment féminiser les formations AFPA ? »

 Dans « le cadre des évolutions de l’AFPA », le Président Barou leur a confié un atelier (sic !) intitulé : « plan d’actions pour assumer l’amendement sur la féminisation des actions de formation ». Ça ne s’invente pas !

Le Président Barou a donc choisi des femmes pour parler à des femmes. Et pourquoi ne s’adresser qu’aux femmes ? Les hommes n’ont donc pas d’idées sur la question ? Côté stéréotype, le patron montre l’exemple…

 Les 3 barouettes Nadine, Julie et Valérie ne se préoccupent pas de savoir si les 3 877 salariées de l’AFPA sont informées des chantiers de réforme de l’AFPA, de l’EPIC, des ordonnances, de l’article 22 et du fameux amendement, d’ailleurs supprimé par le Sénat puis rétabli par l’Assemblée nationale.

 L’amendement en question concerne l’article 22 du projet de loi Rebsamen. Il ajoute la phrase suivante au projet d’article[2] L 5315-1 : « Elle [L’AFPA] contribue à l’égal accès des femmes et des hommes à la formation professionnelle et à la promotion de la mixité des métiers ».

 A lire cette phrase (et toute réflexion commence par une lecture attentive !), cette nouvelle mission de service public ne traite pas de la féminisation des formations mais de l’égal accès des femmes et des hommes à la formation professionnelle et de la promotion de la mixité des métiers.

L’atelier des barouettes n’est donc pas le bon ! L’amendement n’est pas assumé ! Ça commence mal !

 Et ça continue tout aussi mal : les barouettes demandent aux 3 877 salariées de répondre « simplement » à deux questions :

  • Quels sont les freins principaux à l’entrée en formation des femmes ?
  • Quelles seraient les 3 actions concrètes prioritaires à mettre en place pour féminiser les formations ?

Oui tout « simplement »… Par mail… Inutile de s’encombrer des règles et méthodes d’enquêtes et d’études… On va faire du qualitatif en grand, en 3 877 exemplaires… Allez Mesdames ! Que ressentez-vous ? Est-ce que la féminisation des métiers vous inspire quelque chose ? Allez un petit effort, dites-nous… allez, ce sujet vous concerne…

Au demeurant, en quoi ces 2 questions permettent-elles de répondre à la question (fausse d’ailleurs) que se posent ces 3 hiérarchiques ? En quoi les freins à l’entrée en formation des femmes sont-ils des freins à la féminisation ou non d’une formation ? Une femme avec enfant sera autant gênée pour gérer sa formation d’Assistante de Vie aux Familles que sa formation de chaudronnière ou de soudeuse.

2ème question : quelles sont les actions concrètes prioritaires du ressort de l’AFPA pour féminiser les formations ? Vu la complexité du problème, la formation ne fait que refléter la reproduction à tous niveaux des genres féminin-masculin dans les dimensions de l’emploi, du salaire, des hiérarchies, des métiers.

Les premières réponses n’ont pas tardé…pour rappeler à Nadine, Julie et Valérie le caractère factice de cette opération de communication !

Les salariées, réécrivant le vrai texte de l’amendement, ont critiqué l’absence des hommes au débat [3] et ont profité de la tribune offerte à toutes – il suffisait de faire « répondre à tous » pour parler aux 3 877 femmes – pour souligner les discriminations bien réelles au sein de l’AFPA, discriminations que la direction se garde bien de réduire, au contraire !

  • La discrimination des femmes dans les promotions et la hiérarchie est avérée.
  • Les métiers de l’AFPA sont sexués : 95% du personnel d’appui services (C08) sont des femmes ainsi que 74% du personnel du développement (C04) et 79% de l’orientation (C10) alors que les 2/3 des managers stratégiques (C03) sont masculins et que 9 informaticiens sur 10 sont des hommes !
  • Le superficiel accord égalité professionnelle n’est même pas appliqué : les ajustements sont artificiels, la méthode inconnue, les seuils d’examen arbitraires, la rétroactivité inexistante.
  • Les assistantes techniques sont discriminées en fonction de leur ancienneté de 5 ans ou non.
  • Les femmes cumulent les inégalités (CDD, précarité, salaires, temps partiel, mauvaises conditions de travail…), etc.

Débordées par les critiques, nos 3 Barou’s angels ont mis fin à la consultation générale et la liste de diffusion a été bloquée… avec comme avertissement : « si le problème persiste, contactez le support technique » !

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 La direction a tout faux : le problème posé n’est pas le bon, la méthode d’investigation n’est pas pensée et les questions sont inappropriées.

Si la direction veut être crédible, qu’elle commence par résoudre le problème persistant des discriminations dont sont victimes les femmes salariées de l’AFPA et de façon générale les classes 1 à 12 des deux sexes. 

Et qu’elle cesse d’importuner les salarié(e)s avec ses communications bidons et manipulatoires (cf. la communication sur le CCE !) 

Quels sont les 3 freins boulets de l’AFPA ? 

Pour SUD FPA, tout « simplement » : 

Boulet 1 : le nombre de hiérarchiques ;
Boulet 2 : les salaires des hiérarchiques ;
Boulet 3 : la suffisance de la hiérarchie et son manque de professionnalisme !

[1] Pour échapper au chômage partiel ?

[2] Consacré aux missions de service public de l’AFPA.

[3] La féminisation des formations suppose leur dé-masculinisation et il est nécessaire aussi de faire l’inverse : dé-féminiser et masculiniser d’autres formations comme les formations tertiaires (ex la formation ADVF)

20 juillet 2015 8:08 Publié par