CCE 08 03 2017

Compte rendu SUD FPA du CCE AFPA du 08/03/2017

CCE 08 03 2017

                                        Les élus du CCE debout

Pendant ce CCE du 8 mars 2017, les élus du CCE ont manifesté leur complète indignation à l’égard de la direction de l’AFPA.

L’ordre du jour n’a en rien été suivi car 3 points , d’importance inégale,ont cristallisé ce qui était latent depuis des années : les salariés n’en peuvent plus de cette AFPA déqualifiante et malveillante.

1er point : Tentative de suicide à Douai-Cantin

Un ex collègue de Douai-Cantin cuisinier récemment jeté dehors par l’AFPA après 7 ans de CDD a fait en début de semaine une tentative de suicide. Le pronostic vital est engagé.

Le DG délégué Donon s’attendait à une interpellation par les élus et avait préparé une intervention. Un numéro convenu avec déploration, relativisation et semblants de proposition  : « Un de nos collègues est entre la vie et mort. Nous nous associons à l’émotion. Cela nous fait nous poser des questions. Nous allons analyser ce qui s’est passé. Mais il faut prendre garde : il y a d’autres facteurs que le travail. Il faut agir. Nous allons mettre en place tout de suite un médiateur interne et un numéro vert branché sur un psychologue SYA.

Aucune délégation n’a répondu à ces propos. La secrétaire du CCE a lu, comme elle en avait averti le bureau du CCE, une déclaration de son syndicat.

DECLARATION DE LA DELEGATION CGT

Il y a quelques jours, nous avons appris qu’un de nos anciens collègues cuisinier au centre de Cantin dans la région Hauts-de-France avait tenté de mettre fin à ses jours. A l’heure où nous prenons la parole dans cette instance, cette personne est toujours entre la vie et la mort.

Nous tenons tout d’abord à exprimer tout notre soutien à sa famille dans ces moments extrêmement difficiles. Et nous pensons également à ses anciens collègues du centre de Cantin qui ont été très durement affectés par cette nouvelle, en particulier ses collègues de toujours de la cuisine dont le choc émotionnel occasionné par cette nouvelle a provoqué leur arrêt de travail.

Dans la lettre qu’il a laissée pour expliquer son geste, notre ancien collègue met directement l’AFPA en cause.

La situation de ce collègue cuisinier, qui a travaillé en CDD pendant 7 ans, nous la connaissons bien, le DSR CGT étant intervenu à de nombreuses reprises auprès de la direction, et ce du niveau local au niveau national, afin de demander sa légitime réintégration en CDI. Une réintégration que la direction de l’AFPA refusera de manière systématique.

Après donc 7 ans de travail, la direction de l’AFPA avait en effet pris la décision, en août dernier, de mettre un terme au contrat CCD de remplacement au motif que le salarié qu’il remplaçait réintégrait son poste. Une annonce particulièrement brutale, puisque c‘est au retour de ses congés d’été que notre collègue apprenait la nouvelle via une lettre recommandée, aucun membre de la direction n’ayant pris la peine – n’ayant eu le courage ? – de le recevoir et de l’en informer en direct.

La même direction qui avait pourtant annoncé lors d’une réunion de l’ensemble du personnel du centre le 27 mai 2016, avoir obtenu l’accord de recruter plusieurs CDI, dont le poste de cuisinier, déclenchant les applaudissements du personnel. Une promesse donc, faite par la direction, et destinée sans aucune ambigüité à notre collègue cuisinier, devant tout un centre qui en fut le témoin. Une promesse non tenue…

Le 14 juin 2016, son poste ayant été mis en recrutement, il faisait acte de candidature et était convoqué à un entretien avec la Consultante en Recrutement et Développement de carrière. Un entretien qui selon lui s’était déroulé de manière positive, aucun retour négatif ne lui ayant été fait. Pourtant, il recevait le 13 juillet un courrier « type » de réponse, une réponse négative à sa candidature, qui lui laissait penser que tout à coup l’AFPA considérait qu’il n’était pas – qu’il n’était plus ! – compétent pour tenir le poste qu’il occupait depuis 7 ans.

Ce qui sera d’ailleurs écrit par la Directrice par intérim du centre de Cantin le 4 janvier 2017, qui indique de manière très laconique, en réponse au DSR CGT, que « les essais passés le 14 juin 2016 lui ont été défavorables et nous ne pouvons revenir sur cette décision ».

Et là aussi, aucun retour en direct ne lui a jamais été fait sur ce sujet…

Une manière d’agir de l’AFPA qui pose de nombreuses questions :

  • Est-il acceptable de maintenir pendant 7 ans un salarié en situation de précarité ?

  • Est-il acceptable de faire passer un entretien et des évaluations à un salarié qui postule sur un emploi, son emploi devrions-nous dire, pour lequel il a donné toute satisfaction pendant 7 ans ?

  • Est-il acceptable d’être reçu en entretien et de passer des évaluations dans le cadre d’un recrutement, sans qu’aucun retour sur ces évaluations ne soit fait directement au salarié concerné ?

  • Est-il acceptable qu’à aucun moment la direction n’ait pris la peine de le rencontrer et d’échanger avec lui ?

  • Est-il acceptable que la direction fasse des promesses de CDI, sans les tenir ensuite ?

  • Est-il acceptable de remplacer un collègue en détachement sur une mission régionale, pendant 7 ans, par un CDD ?

Et au final, où en est la restauration de Cantin ?

  • Le salarié soi-disant remplacé est revenu à Cantin sur une qualification de gérant de restaurant depuis 2 ans, et notre ancien collègue est quant à lui remplacé par un cuisinier intérimaire

  • Le personnel du restaurant est remplacé par des intérimaires, et par du personnel de la société Compass en ce qui concerne le chef de cuisine.

  • Et finalement la direction vient d’annoncer aux aides de cuisine AFPA son intention d’externaliser la restauration, des propositions leur seraient faites pour intégrer l’entreprise sous-traitante.

Tout ça pour en arriver là ? L’éviction de notre ancien collègue cuisinier n’aurait-elle eu d’autre objectif que de pouvoir externaliser la restauration du centre de Cantin ?

La vie d’un homme ne vaudrait-elle pas plus que cela pour la direction de l’AFPA ?

Vous comprendrez que pour la délégation CGT, les réponses à toutes ces questions sont négatives. Nous n’avons eu de cesse depuis plusieurs années d’alerter la direction sur les conséquences sur la santé, et la vie des salariés, des méthodes de plus en plus brutales utilisées par l’AFPA.

La direction ne peut dire qu’elle ignorait cette situation, elle savait depuis longtemps, dès le 18 août, lorsque le DSR CGT s’adressait en ces termes au Directeur du centre de Cantin : « cette manière de traiter un salarié est violente, et peut provoquer chez lui une réaction grave, car sa compétence et son investissement de 7 années sont mis en cause. L’AFPA poursuit une course insensée à la réduction de l’effectif, nous le savons, mais pour autant, tous les moyens pour y parvenir ne sont pas acceptables ».

Une première alerte qui sera suivie de nombreuses autres, y compris dans l’enceinte du CCE en décembre dernier, devant le Directeur Général par intérim et le Directeur des Ressources Humaines.

L’émotion est grande aujourd’hui, d’autant que cette tentative de suicide n’est pas la première dans cette région : cet été un ancien collègue formateur en CDD s’est pendu à son domicile, 8 jours après la fin de son dernier CDD, et quelques temps auparavant c’est une collègue de la DR qui avait tenté de mettre fin à ces jours… Et d’autres situations similaires se sont malheureusement produites dans d’autres régions.

Il est dès lors inadmissible que d’un côté l’AFPA ne cesse de vanter ses valeurs d’utilité sociale à l’externe, alors qu’en interne elle institue un système de précarisation, au mépris des valeurs qu’elle est censée porter.

Note : L ’AFPA est directement mise en cause dans cette tentative de suicide puisqu’elle a employé un cuisinier pendant 7 ans avant de lui faire savoir par écrit (quel courage!) qu’il ne sera pas CDIisé parce qu’il est incompétent ( !) et ce malgré des promesses…Donon, directeur général par intérim, avait été interpellé à ce sujet lors du CCE du 20/12/2016 par la délégation du NPC. Il a écouté mais n’a rien fait.

Toutes les délégations syndicales se sont associées à la déclaration de la CGT.

SUD a pointé la responsabilité des organisations de travail et du management et a rappelé que les mesures de la direction (médiateur + numéro vert) étaient comprises dans le projet de la direction que les OS (CGT, CFDT, FO et SUD) venaient de rejeter en bloc.

Note : A quoi peut bien servir un médiateur quand le Directeur Général ne fait rien alors qu’il sait ? A quoi peut bien servir un psychologue de SYA contre une telle injustice ?

La question a été posée : combien vaut une vie à l’AFPA ? Pour la direction, une vie est une ressource comme toute autre ressource et son usage n’obéit qu’à des pseudo lois économiques, à un rapport coût/bénéfice à un moment donné. Après on l’oublie comme un déchet.

2ème point : modification unilatérale des conditions de représentation du personnel au sein du dispositif Itinérants

Les délégués syndicaux disent ne pas accepter que les droits les plus élémentaires concernant la représentation du personnel soient bafoués. Ils déclarent qu’ils mettront tout en œuvre pour s’opposer à cette tentative qu’ils estiment être une entrave délibérée aux droits de représentation du personnel.

3ème point : Impayé !

La délégation SUD a lu debout une déclaration concernant le fauteuil ergonomique d’une salariée du centre de Compiègne que le fournisseur non payé était venu reprendre.

Au fur et à mesure de la lecture tous les élus du CCE se sont levés. La déclaration lue par SUD est le tract intitulé « Quelle honte » , SUD y fait état de la réduction des budgets consacrés au personnel handicapé.

Donon a répondu que les choses étaient certes navrantes mais que l’AFPA connaissait aujourd’hui de fortes tensions de trésorerie…

Cette réponse a mis le feu aux poudres. La délégation SUD FPA a demandé une suspension de séance mise en œuvre après une déclaration de la délégation FO à propos des graves risques économiques et sociaux en région Rhône Alpes sous la coupe du très détestable Wauquiez…(on pourrait ajouter un peu partout en France, PACA, HF, IDF…là où la droite passe, l’AFPA trépasse)

Suspension de séance

Pendant la suspension de séance, les élus ont rédigé la déclaration suivante qui a été lue à la direction.

DECLARATION DU CCE

Depuis le début de ce CCE, les réponses et l’attitude de la direction sont inadmissibles et les mesures annoncées largement insuffisantes.

Les situations évoquées ce matin ne sont malheureusement pas isolées, nous pouvons tous témoigner autour de cette table que des situations similaires extrêmes se produisent partout, quel que soit le statut. Pas un seul centre n’est épargné : burn-out, tentatives de suicide, et d’autres situations dramatiques.

Combien vaut une vie à l’AFPA ?

La politique sociale mise en place par l’AFPA se traduit par des conséquences dramatiques pour les salariés. Les contraintes économiques qui dominent les décisions prises aujourd’hui ne peuvent en aucun cas justifier cette politique sociale délétère.

Cette situation n’a que trop duré.

Aujourd’hui, nous considérons que la responsabilité pénale de la direction est engagée.

Les élus du CCE rappellent qu’ils ont déclenché un droit d’alerte sociale. Dans ce cadre, ils vont saisir l’Inspection du Travail afin de l’alerter, non seulement sur le recours massif aux travailleurs précaires mais également sur les problèmes de santé au travail.

A la fin de la lecture, le CCE a exigé la présence de la directrice générale pour entendre sa réaction.

Descente de la DG

P D’Artois est descendue de son 25ème étage.

La déclaration lui a été relue.

La directrice a fait le même numéro que Donon (un zeste d’émotion–«mes enfants m’ont demandé ce que j’avais lundi soir », un zeste de proposition : « je travaille avec Donon et Mettot à un nouveau modèle social… »)

Elle a ensuite répondu aux questions qu’elle a soigneusement choisies.

Les questions et positions de SUD :

  1. Au cours de la réunion du CCE du 20 décembre 2016 le Directeur Général par intérim, lors d’un échange avec les élus sur le sujet de la confiance partagée nécessaire à la bonne marche de l’institution, avait fait part de son manque de confiance à l’égard du management intermédiaire. Mme la Directrice générale que comptez-vous mettre en place pour reconquérir cette confiance ? (pas de réponse)

  2. Les manageuses (eurs) actuellement en place ont été sélectionné sur des critères bien définis. Ceux-ci, de toute évidence, n’ont pas été établi sur leur capacité à prendre en compte les difficultés d’ordre humain mais plutôt d’ordres productif et économique. Sachant que ces manageuses (eurs) ne seront pas remplacé(e)s dès demain, Mme la Directrice générale quelles actions comptez-vous mettre en place pour modifier cette culture ? (pas de réponse)

  3. – Les managers ne répondent que rarement aux sollicitations des salariés : pas de réponse aux mails, aux demandes d’entretien, aux questions posées en général. Cela semble être une technique managériale très répandue.

  4. le CDD est un type de contrat par essence ‘maltraitant’ surtout quand on fait miroiter une cdisation qui ne vient jamais ou que les contrats sont entrecoupés de périodes sans emploi…

  5. Que pensez vous du comportement de la directrice régionale Région Centre Nadine Plisson qui vient sermonner les salariés de Bourges et leur asséner que les marchés de Chateauroux ont été perdus parce que les formateurs de ce centre sont trop payés (la DG en réponse a dit qu’elle a entendu un autre son de cloche. Une élue du CCE de la région Centre a confirmé la position de SUD)

  6. Vous parlez d’un nouveau modèle social. Dans le budget 2017, vous prévoyez de réduire encore les budgets de matière d’oeuvre et d’outillage et les effectifs. Modèle social et modèle économique doivent être cohérents . Avez vous l’intention de changer de modèle économique ? (Réponse : « j’ai un équilibre économique à respecter… »)

  7. Quand allez-vous nous communiquer votre nouveau « modèle social » ?, celui, pour reprendre votre expression, que vous travaillez en pré carré avec Donon et Mettot ? (pas de réponse)

  8. Vous venez de dire que vous dormiez peu et que vous lisiez beaucoup : avez-vous pris connaissance de l’expérimentation CNAM ? (pas de réponse). Avez-vous pris connaissance du rapport ISAST ? Ce rapport montre que le transfert dans les filiales est susceptible de créer des risques psycho sociaux. (réponse après relance par SUD : « il n’y a pas de rapport entre le transfert dans les filiales et les RPS… »)

Pour conclure, la délégation SUD a demandé à la direction des réponses écrites à ses questions.

Une certitude : cette nouvelle DG ne changera rien aux comportements du management et aux conditions de travail des salariés. La condition du changement est l’installation d’un rapport de force permanent.

 

10 mars 2017 10:19 Publié par