Compte rendu SUD FPA Entrevue Matignon du 22 04 2015

Les représentants des 6 organisations syndicales de l’AFPA ont été reçus au cabinet du 1er ministre par 3 membres des cabinets du 1er ministre, du ministre de l’emploi, du ministre des finances (ce dernier n’a pas ouvert la bouche).

Tour de table de présentation, puis lecture par la CGT d’une longue déclaration que nous pensions intersyndicale, ensuite courte intervention de chaque OS; tous les sujets ont ainsi été mis sur la table, SUD FPA précisant le gâchis des places vides alors que les plateaux techniques ont depuis longtemps été financés par l’État ainsi que les conséquences de la régionalisation des formations empêchant le citoyen de se former dans n’importe quelle région . SUD FPA a aussi mis en avant que l’AFPA a été conçue et structurée pour rendre une mission de service public et non pas pour aller sur le marché concurrentiel de la formation professionnelle.

C‘est donc bien l’intersyndicale qui a exposé tous les maux de l’AFPA tels qu’ils sont écrits dans les tracts intersyndicaux !

Le représentant du 1er ministre a ensuite pris la parole pour rappeler dans quel état ils avaient trouvé l’AFPA en 2012 (au bord du dépôt de bilan) , que depuis de nombreuses réunions ont eu lieu , notamment avec les “partenaires sociaux” (pas SUD FPA !) pour trouver des solutions. Il a parlé du plan de refondation proposé par Barou mais sans s’étendre (en tout cas il semblait bien le connaître). Il a rappelé le rôle de l’AFPA dans le SPE ; il a dit que pour lui la décision récente de la présence de l’AFPA au CNEFOP et aux CREFOP était un signe majeur et un geste important de Rebsamen. Il faut, a t il dit, se servir des compétences de l’AFPA.

Il a enfin dit que le conseil d’orientation avait reçu pour mandat de travailler sur les différentes solutions mais que comme il n’y siégeait pas il n’avait pas encore eu de retour en la matière…

Puis le représentant de Rebsamen a pris longuement la parole pour dire,entre autres :

  • que la solution du patrimoine passait sans doute par le changement de statut de l’AFPA..il a dit que rien n’était impossible en la matière, « même les solutions les plus audacieuses », (on craint le pire)

  • à propos du patrimoine il a convenu qu’ il ne fallait pas trouver une solution qui allait coûter de l’argent à l’AFPA car ce serait reprendre d’un côté ce qu’on lui donnait de l’autre,

  • qu’il fallait trouver une solution pour le financement de la formation pour les publics spécifiques (sans préciser lesquels) et que l’AFPA était sans doute la mieux placée; il a parlé de service d’intérêt général sans s’étendre sur le sujet; il a rappelé qu’on avait des concurrents et qu’on ne pouvait pas faire « n’importe quoi » Pour lui, la subvention c’était du passé ! « Arrêtons de regarder en arrière » a t il dit…(il a dit cela aussi à propos des formations qu’on dispensait dans le temps et qu’il fallait peut être revoir…)

  • que des actions type deuxième chance (pour les jeunes) qui comportaient un volet accompagnement social étaient pratiquement fléchées vers l’AFPA car elle seule en avait les compétences

  • que l’État avait besoin de l’AFPA sur la certification et que cela restait un atout important pour l’AFPA; un effort financier important a été fait en la matière (10 M d’€ de plus sur le PASP)

  • qu’il fallait que l’AFPA se positionne sur des produits innovants et sur des centres nationaux (ce travail est en cours avec un expert de l’IGAS qui fait le tour des régions…)

  • qu’il fallait prendre en compte le droit de la concurrence et le droit européen et s’y adapter pour rechercher les « meilleures solutions » pour l’AFPA; le dossier pour Bruxelles « avance bien » et bientôt des contacts vont être pris pour présenter les solutions retenues à la commission.

  • que le CPF « allait aider l’AFPA », grâce notamment à la modularisation faite à l’AFPA; il reste du travail à faire sur le CPF…mais que cela allait être une excellente chose pour le demandeur d’emploi (sauf que le CPF ce n’est QUE 150 heures ! Intervention de SUD FPA). Il a dit que le cahier des charges des organismes habilités CPF « était une chance pour l’AFPA» car les critères de service et de qualité la désignaient presque naturellement…..

  • qu’ils travaillaient à une meilleure articulation entre les prescripteurs (d’abord Pôle Emploi) et les organismes de formation, notamment pour combler les places financées mais vides (des places qui coûteront zéro euro au chômeur a t il dit !)…

  • qu’il fallait aussi réfléchir à pourquoi certaines de nos places étaient vides (« peut être que ce n’est pas le bon produit de formation proposé »)

  • que l’AFPA était redevenue un partenaire de travail privilégié qui est consulté par l’État sur son domaine de compétence. L’AFPA fait des propositions qui sont parfois retenues

  • qu’ils travaillaient avec l’ARF sur un catalogue national des formations qui pourraient être achetées en commun. Il a reconnu que toutes les régions (Pays de Loire a été cité par une OS, le représentant a acquiescé de la tête) n’achetaient pas correctement la formation professionnelle et manquaient de vision « prospective ». (SUD FPA est intervenu sur le manque de place pour les formations dans le secteur de la chimie alors que les offres d’emploi décollent) Il a aussi souhaité que l’AFPA soit plus dans la prospective quant à ses propositions de formation.

Tous ces points font l’objet de 10 chantiers sur lesquels le ministère travaille.

Les 2 ministères, Travail et Économie, travaillent régulièrement et étroitement avec la direction de l’AFPA pour trouver les meilleures solutions.

Valls doit rencontrer les présidents de région le 12 mai et leur parler de la formation des demandeurs d’emploi…entre autres sujets.

Les OS ont rappelé aux conseillers les proches échéances électorales et leur ont dit qu’il fallait agir maintenant ! L’État doit imposer sa vision et ses choix…2016 ce sera trop tard ! Les OS ont insisté sur le caractère essentiel du niveau d’activité, sur le fait que la qualité avait un prix que les Conseils Régionaux ne voulaient plus payer et sur la forte crainte que le marché concurrentiel ne réduise la taille de l’AFPA à 5 000 salariés !

En conclusion, on peut se demander pourquoi l’État qui a su légiférer rapidement quand il s’est agi de transfèrer l’orientation à Pôle Emploi met autant de temps à trouver une solution pour l’AFPA, laissant l’association et ses salariés endurer la situation, dommage collatéral de leur “maturation”!

Quelques indices : le total silence pendant l’entrevue du conseiller de Bercy, le grand argentier dont dépend le financement et l’immobilier, le fait que le nouveau statut de l’AFPA devra être symbolique d’une association “tournée vers l’avenir”, la notion d’acheteur de formation employée plusieurs fois par les conseillers ministériels pour parler des financeurs de formation, désignant, s’il le fallait encore, leur choix pour un marché concurrentiel, ainsi que l’insistance sur la certification au lieu de la qualification, la répétition une nouvelle fois que tout ne dépendait pas des décisions politiques mais aussi des processus internes de transformation de l’AFPA, le patrimoine en possible garantie bancaire…, la loi de 2014 qui devrait ouvrir de nouvelles perspectives de marché à l’AFPA (CPF, organismes de formation labellisés,…), voilà c’est le moment, tous les éléments sont réunis, pour que l’État fasse de l’AFPA une preuve vivante de sa volonté de mettre en oeuvre une “politique de gestion rigoureuse” en France et donne ainsi des gages à Bruxelles qui en attend ! Jusqu’à la privatisation de l’AFPA après découpage d’une partie “service public”? Avec un statut de société anonyme comme France Télécom…avec ce qui s’en est suivi ? L’AFPA et ses salariés offerts à Bruxelles…en chair à canon du néolibéralisme !

24 avril 2015 10:20 Publié par