Perfusion

Le 1er Ministre, Jean-Marc Ayrault, est venu à Caen poser les dernières pierres du plan de refondation que son gouvernement a exigé et obtenu de la direction de l’AFPA, dans la droite ligne du plan stratégique.

Le 1er ministre a confirmé la volonté du gouvernement que l’AFPA cherche son activité auprès des régions et des entreprises, en modifiant sa pédagogie et en réduisant ses coûts et ses effectifs. Il s’est borné ensuite à trois sujets : le financement de ce plan, l’immobilier de l’AFPA et l’évolution de la gouvernance.

Selon Jean-Marc Ayrault, l’Etat souscrirait en 2013 au profit de l’AFPA une participation de 110 Millions € et durant la période 2014-2017 -avec d’autres partenaires- une seconde participation également d’un montant de 110 Millions €. Les banques elles seraient mobilisées pour d’autres prêts de financement des investissements et de la trésorerie.

110 millions € ?

Pour fixer l’ordre de grandeur :

110 Millions € représentent à peu près 45 jours de fonctionnement de l’AFPA,

110 Millions € sont inférieurs aux pertes cumulées de 2011 et 2012, entre 110 et 140 Millions €, auxquelles vont s’ajouter des pertes déjà prévues en 2013.

Enfin l’AFPA a des dettes sociales pour un montant presque équivalent.

  L’occupation par l’AFPA de l’immobilier appartenant à l’Etat serait réglée par l’adoption de baux emphytéotiques administratifs dont la validité serait testée dans deux régions.

 Enfin, la gouvernance de l’AFPA devrait évoluer pour assurer un « meilleur suivi de la mise en œuvre du plan de refondation ».

 SUDFPA a déjà dénoncé le caractère inacceptable de ce plan de refondation, de par son existence même qui cautionne l’irresponsabilité de l’Etat, et de par son contenu qui fait une  croix sur la subvention d’Etat de l’activité de formation qualifiante des demandeurs d’emploi.

 Aujourd’hui, la faiblesse de cette première participation, l’imprécision des délais et des partenaires, le test des baux dans deux régions, bref le flou qui entoure les annonces du 1er ministre, prouvent :

 1) que l’Etat a une confiance limitée dans ce plan de refondation et sait que sa partie « activités » n’est pas réaliste (Comment atteindre les objectifs de marché privé … ?)

 2) que le financement de ce plan n’est qu’un remède provisoire, une perfusion (c’était ça ou le dépôt de bilan), dans l’attente de l’acte III de la décentralisation et des réformes annoncées de la formation professionnelle.

 Les vraies décisions pour l’AFPA interviendront quand ce nouveau cadre aura été fixé et quand l’AFPA aura démontré ( !) sa capacité à limiter les coûts. Les versements des autres tranches de financement sont ainsi conditionnels. Contrairement à ce que tout le monde dit, l’AFPA est loin d’être sauvée…

 Les conditions de la perfusion seront donc douloureuses : le personnel de l’AFPA va la payer par des réductions d’effectifs et par une forte et rapide détérioration de la qualité et des conditions de son travail, d’autant que l’APFA peut compter sur un management expérimenté en la matière.

 A Caen donc, un premier ministre d’un gouvernement socialiste exige le sacrifice de 60 années de pédagogie ainsi que la réduction d’effectifs de l’organisme qualifiant les demandeurs d’emploi alors que leur nombre n’a jamais été aussi élevé.

 A Caen donc, un premier ministre d’un gouvernement socialiste écarte résolument la subvention pour le financement de la formation qualifiante, liquide celle-ci au profit des formations d’adaptation, et entérine la soumission de l’AFPA au champ concurrentiel.

A Caen donc, un premier ministre d’un gouvernement socialiste tout en sachant que la régionalisation érige des barrières infranchissables pour les chômeurs, écarte le 1erprincipe républicain, celui de l’égalité d’accès aux formations en tous points du territoire.

A Caen enfin, un premier ministre d’un gouvernement socialiste couronne l’accord honteux sur la flexibilité par une politique de formation conforme aux intérêts du patronat !

Pour SUDFPA, l’AFPA doit redevenir l’opérateur de l’État dans sa politique de qualification des demandeurs d’emploi.

21 janvier 2013 3:32 Publié par