Pour la bonne année et la bonne santé du personnel de l’AFPA : les collectifs de travail !

 Après la tragi-comédie de l’ordonnance, l’année 2016 et la vie de l’Association AFPA se sont terminées sur une bouffonnerie. Le Conseil d’Orientation de l’AFPA a différé l’approbation du traité d’apport à la filiale Entreprise rendant impossible le transfert du personnel au 31/12…la faute à un risque fiscal persistant (12 M€) alors que les pourparlers entre la direction de l’AFPA et Bercy durent depuis plus de 18 mois…

Nous ne nous en plaindrons pas, puisque SUD FPA est opposé à l’existence de ces filiales et à tout transfert de personnel. C’est 3 mois de gagné pour ceux qui pourraient au final être jetés par dessus bord !

Mais ce risque fiscal ne peut éclipser le risque social, sans commune mesure!

Le constat est sans appel. Le personnel de l’AFPA est en souffrance et il ne s’agit pas comme le prétend l’ancien DG Donon de quelques situations isolées dans quelques centres. Le mal est endémique, systémique. Les travaux de l’ICCHSCT[1] ont officialisé cette souffrance. Un indicateur suffira : chaque salarié est en moyenne absent près de 30 jours par an. L’équivalent de 600 ETP !

 

Les causes de cette souffrance sont connues : perte de sens, absence de reconnaissance, qualité empêchée, injustice, absence de soutien, surcharge, maltraitance managériale …l’AFPA s’étant coulée depuis 10 ans dans le moule néolibéral.

 

Le néolibéralisme, c’est la production low cost.

 

Pour l’AFPA, cela donne des formations réalisées plutôt par des formateurs CDD recrutés la veille pour le lendemain, non formés, parfois même non professionnels, des formations de plus en plus courtes et formatées pour les exigences financières des Conseils Régionaux, pour des stagiaires parfois obligés de suivre des formations, pour remplir les stages et non pour se former à des métiers. Et tout va bien quand les équipements et la matière répondent à l’appel ! Des formations sans l’accompagnement psycho social et la restauration et l’hébergement…Des formations que même les entreprises commencent à rejeter…Dans ce modèle low-cost, quelques heures de formation suffisent bien à assurer l’employabilité des sans grades pour quelques mois d’emploi…

 

La souffrance du personnel s’est exprimée à plusieurs reprises, et dernièrement lors de l’ultime CCE de l’Association par l’envahissement d’élus régionaux. En fin d’année, les organisations syndicales ont demandé à la nouvelle directrice générale de faire de la souffrance au travail un de ses dossiers prioritaires.

 

Ce à quoi celle-ci a répondu…par son absence à la réunion d’ouverture de la deuxième ICCHSCT (sur le projet de création de la deuxième filiale).

 

Et le président Barou vient d’affirmer dans les Echos (28/12) que l’équilibre financier de l’AFPA sera rétabli d’ici un ou deux ans !

 

Et que découvre-t-on dans le Flash Sésame joint avec la fiche de paie de décembre 2016 ? « qu’un dispositif de traitement des risques psychosociaux et de suivi des conditions de travail sera mis en place début 2017 »…alors que les organisations syndicales essaient de négocier toute autre chose avec la direction générale, un dispositif permettant de parler du travail et de sa qualité…et qu’elles se sont opposées lors des 2 premières réunions à la volonté de la direction de reproduire les termes d’un projet d’accord QVT (Qualité de vie au travail) datant de 2010 !

 

La direction générale de l’AFPA fait donc semblant de prendre au sérieux la souffrance du personnel mais les travaux des ICCHSCT sont pour elle de simples exercices de style qui ne porteront pas à conséquences et la négociation actuelle se traduira par un accord sans contenu et qui ne sera pas de toute façon respecté !

 

En fait l’AFPA veut quoi qu’il en coûte continuer dans la même voie de déqualification et devenir un gros organisme de formation banal qui dans quelques années se vendra en tout ou partie à un fonds de pension américain ou à un groupe chinois ! (voir Démos et le président de la FFP) quand la preuve sera faite qu’il y a du cash à se faire dans le secteur. Un investissement de la collectivité publique presque centenaire sera bradé à quelques intérêts privés.

 

Le symptôme le plus parlant de cette orientation est le recrutement d’une nouvelle directrice générale issue du privé et sans expérience réelle du service public.

 

Que faudrait-il faire ? Revenir aux fondamentaux. Redevenir le spécialiste reconnu de la formation professionnelle qualifiante, exiger de l’État les moyens de mettre en œuvre une politique de formation professionnelle des demandeurs d’emploi et rappeler le caractère public des formations qui permettent la promotion des salariés (cf CT L6111-1 la formation « constitue un élément déterminant de sécurisation des parcours professionnels et de la promotion des salariés ». )

 

Pour faire du beau boulot !

 

Mais il ne s’agit pas d’attendre passivement de bonnes décisions de l’Etat et des dirigeants de l’AFPA !

 

La santé du personnel ne peut plus attendre.

 

Le personnel de l’AFPA doit être conscient que sa santé dépend de la force des collectifs de travail qu’il arrivera à créer.

 

C’est la force de ces collectifs de travail qui peut :

 

  • Exiger l’application stricte du code du travail en matière de sécurité du personnel et des stagiaires : par exemple, pas de stagiaires en formation sans formateur,
  • Exiger l’application stricte des référentiels de la direction de l”ingénierie, par exemple, tel taux d’encadrement,
  • Faire respecter, par-delà les injonctions, le contenu et la durée des formations pour que les métiers continuent à être transmis
  • refuser d’entendre le langage de l’EBE, en ne participant plus notamment aux réunions d’information sur les résultats des centres. C’est le bien le président Barou qui a dit en CCE que les problèmes de trésorerie de l’AFPA étaient maintenant des problèmes de l’Etat !
  • créer des lieux et des temps de rencontre, interdits à la hiérarchie, pour parler librement du travail et du service public.

 

Notre santé est notre combat ! Meilleurs vœux de résistance !



[1] Instance de Coordination des CHSCT qui a expertisé les conséquences de la transformation de l’AFPA en EPIC avec une première filiale.

6 janvier 2017 9:45 Publié par