“Renflouée par l’Etat, l’Afpa prépare sa restructuration”

Publié sur localtis.info le 25/01/2013

L’Association nationale pour la formation professionnelle des adultes (Afpa) organisait le 24 janvier 2013 un colloque sur les transitions professionnelles. A cette occasion, la directrice d’Afpa Transitions a présenté les grandes lignes des évolutions à attendre, avec des questions en suspens, comme les modalités de travail avec les régions et le contenu de la loi à venir sur la formation professionnelle.

“Notre avenir est stabilisé mais nous ne sommes pas encore sauvés, il y a encore du chemin.” A l’occasion d’un colloque organisé par l’Association nationale pour la formation professionnelle des adultes (Afpa) sur les “transitions professionnelles”, Anne-Marie Bjornson-Langen, directrice d’Afpa Transitions, s’est dite soulagée de la décision du gouvernement de renflouer l’association. “C’est un peu d’oxygène, qui va nous permettre de mettre en œuvre ce qu’on veut faire, le plan de refondation, explique-t-elle à Localtis, de plus cet argent va faire effet de levier sur les banques, mais il faut gagner des marchés.”

Le 14 janvier 2013, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, a en effet annoncé que le gouvernement allait débloquer 110 millions d’euros pour l’Afpa pour 2013, et la même somme pour les années 2014-2017 (l’Etat a également prévu de transférer son patrimoine sous forme de baux emphytéotiques). Avec les partenaires, collectivités, banques, le gouvernement espère réunir un besoin en financement de près de 430 millions d’euros. “De quoi payer nos dettes et travailler pour tout 2013”, signale la directrice d’Afpa Transitions. Mais pour cela, l’association passée dans le champ de la concurrence en 2009, va devoir mettre en route un renouvellement important, alors qu’elle emploie 9.300 salariés. “C’est notre survie qui est en jeu… et la survie de la formation professionnelle”, souligne la responsable. “Nous avons vécu une transition difficile, passant d’un milliard d’euros de subventions à 800 millions d’euros en marché.” Tout un travail d’adaptation de l’offre est envisagé par la nouvelle gouvernance : réduction des durées des formations, modularisation des formations, possibilité d’effectuer des entrées en stage au fil de l’eau, pour éviter aux stagiaires d’attendre avant leur formation…

“Sous quelles modalités vont fonctionner les SRPFP ?”

Mais des questions restent pour le moment sans réponse, comme les modalités de coopération avec les régions. “Avec certaines, nous fonctionnons comme un service d’intérêt général, avec d’autres, il faut répondre à des appels d’offres”, explique Anne-Marie Bjornson-Langen, qui se félicite toutefois que l’association n’ait pas été découpée en 22 morceaux distincts…

La mise en place prévue dans le cadre de l’acte III de la décentralisation des services régionaux publics de formation professionnelle (SRPFP) pourrait aussi clarifier les choses, même si certains en doutent. “Que va-t-il se passer pour les régions qui ont déjà un tel service et sous quelles modalités fonctionneront ces SRPFP ? Y aura-t-il une norme ?”, questionne ainsi Paul Desaigues, administrateur CGT du Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP).

A l’heure actuelle, chacun fonctionne un peu comme il le souhaite. La région Limousin, qui a voulu maintenir le subventionnement a vite été rattrapée par la justice. La région Poitou-Charentes, quant à elle, a eu recours au mandatement avec octroi de droits spéciaux. La région Nord-Pas-de-Calais, qui vient de faire réaliser une étude sur le sujet par le cabinet Sémaphores, opterait de son côté pour une délégation de service public…

“Une frénésie d’accélération là où il faudrait prendre du temps”

Au delà de ses relations avec les régions, l’Afpa s’interroge aussi sur les modes d’intervention en direction des demandeurs d’emploi et des salariés. Et sur ce point, le contrat de sécurisation professionnelle (CSP) est en ligne de mire. Tout comme la conclusion de la Cour des comptes dans son rapport publié le 22 janvier 2013 sur le marché du travail, l’Afpa estime que l’on peut l’améliorer. “Ce contrat fonctionne bien, mais ce qu’il faudrait changer, c’est le type de public à qui il s’adresse, explique Anne-Marie Bjornson-Langen, il faudrait l’élargir à d’autres publics que les licenciés économiques.”

D’après les informations données par la responsable de l’Afpa, les licenciés économiques ne représentent que 3 à 4% des personnes inscrites à Pôle emploi. “Ce qui paraît bizarre, c’est que le mode d’accompagnement le plus complet va aux personnes qui a priori n’en ont pas le plus besoin, car les licenciés économiques sont reçus au moins une fois par mois par Pôle emploi”, souligne Anne-Marie Bjornson-Langen. De son côté, la Cour des comptes a proposé que le conditionnement de l’accès à ce contrat soit fait en fonction de la distance à l’emploi et non de la situation juridique du bénéficiaire.

Autre incertitude : le projet de loi sur la formation professionnelle et l’apprentissage qui a été annoncé le 17 janvier par Thierry Repentin, ministre délégué en charge de la formation professionnelle et de l’apprentissage et qui devrait être présenté en Conseil des ministres en juin 2013. L’Afpa ne dispose d’aucune information sur le sujet. Pour Paul Desaigues, “c’est seulement du déclaratif”. Et le responsable syndical estime qu’ “on est dans une frénésie d’accélération là il faudrait prendre du temps. La réforme de 2009 n’a commencé à être mise en place qu’à partir de début 2012…”

Emilie Zapalski

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5 février 2013 9:33 Publié par